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Paris, 9 janvier
2003: En réformant la Constitution qui interdisait au président
Eyadéma de se représenter à la présidentielle
de juin 2003, le Parlement togolais ouvre la voie à la "présidence
à vie". Dès lors, la presse africaine brosse
le portrait d'un pays en déclin.
"A en juger par ce qui se passe au Togo, les Kényans
peuvent s'estimer heureux de ne pas vivre dans ce pays d'Afrique
de l'Ouest", ironise le quotidien kényan "The
Nation", qui souligne ce saisissant contraste: "Au
lendemain de la transition réussie au Kenya, l'homme fort
du Togo, Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967,
a fait adopter une réforme constitutionnelle qui lui ouvre
la voie à la présidence à vie." Cet
amendement adopté par le Parlement togolais dans la soirée
du 30 décembre 2002 "fait l'objet de nombreuses critiques
de la part de nombreux acteurs et observateurs de la scène
politique togolaise", souligne Allafrica.com, car
le nombre de mandats présidentiels n'est plus limité
à deux pour une durée de cinq ans.
Dinosaure
"Depuis l'adoption de la Constitution de 1992, Gnassingbé
Eyadéma a été élu à deux reprises
(en 1993 et en 1998) lors de scrutins contestés, au point
que l'Union européenne et la plupart des partenaires concorant
au développement du Togo ont suspendu leur coopération",
souligne "Fraternité Matin". Le quotidien
ivoirien rappelle aussi que le président togolais avait affirmé
"en plusieurs occasions sa volonté de se retirer
en 2003".
En effet, pour mettre fin à dix ans de tensions politiques,
le pouvoir et l'opposition avaient conclu un accord en juillet 1999,
baptisé "Accord-cadre
de Lomé" (ACL), qui prévoyait
notamment des législatives anticipées et le retrait
du président Eyadéma en 2003. Mais, comme le note
"Fraternité Matin", "depuis des
mois, des proches du pouvoir s'appliquent à prédire
un scénario-catastrophe : si l'après-Eyadema n'est
pas bien préparé, on peut craindre le pire (disent-ils).
Une façon de plaider, voire de préparer l'opinion,
pour un maintien du président, au moins pour quelque temps."
Comme le souligne "The Nation" de Nairobi, Eyadéma
est sans conteste un dinosaure de la vie politique. Avec le colonel
Kadhafi (Libye) et le président Omar Bongo (Gabon), il fait
figure de doyen de l'Afrique. "Après le coup d'Etat
qui a renversé le président Nicolas Grunitzky, en
janvier 1967, Gnassingbé Eyadéma, alors chef de l'état-major
de l'armée, était devenu officiellement le chef de
l'Etat." Depuis lors, note "The Post Express"
de Lagos, "ce dictateur a régné sur son pays
par la terreur".
Poubelle
Reportées par deux fois, les législatives ont finalement
eu lieu en octobre 2002, mais sans les "partis d'opposition
traditionnels, qui ont boycotté le scrutin". La
réforme constitutionnelle a été adoptée
d'autant plus facilement, souligne "The Post Express",
que "l'opposition n'est pas représentée au
Parlement". Pour ce quotidien, "la réforme
constitutionnelle choque aussi par les critères d'éligibilité
qu'elle impose: la nouvelle loi précise que tout candidat
doit avoir résidé au Togo au cours des douze derniers
mois, alors que l'un des ténors de l'opposition, Gilchrist
Olympio, vit en Europe depuis l'attentat manqué contre lui
qui a failli lui coûter la vie". L'opposant Gilchrist
Olympio est un symbole d'autant plus fort de la vie politique togolaise
qu'il est le fils de Sylvanus Olympio, président assassiné
en 1963 lors du coup d'Etat auquel avait participé Gnassingbé
Eyadéma.
A l'étranger, l'image du Togo est particulièrement
ternie, note le journal sénégalais "Sud Quotidien",
qui ironise sur la prétention du président Eyadéma
à jouer les médiateurs dans la crise ivoirienne.
Même au Togo, où la presse est bâillonnée,
la colère monte. "Rien qu'à parcourir certains
quartiers de Lomé, on se rend compte aisément, en
l'espace de quelques heures, de l'ampleur de la crise qui frappe
le Togo de plein fouet. Manifestement, sa réputation de 'Suisse
de l'Afrique de l'Ouest' n'est plus qu'un souvenir, tant les capitaux
ont depuis longtemps changé de destination - instabilité
sociopolitique oblige", souligne le mensuel béninois
"Afrique Diagnostic". Lequel ajoute : "Lomé
la belle - et la rebelle, lors des affrontements entre partisans
et adversaires du régime du président Gnassingbé
Eyadéma - est en passe de devenir la poubelle, disent certains
Togolais. Non sans une pointe d'ironie."
Pierre Cherruau
Courrierinternational.com,
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Courrier International,
Paris
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La réforme
constitutionnelle choque aussi par les critères d'éligibilité
qu'elle impose: la nouvelle loi précise que tout candidat
(à la présidence de la République, ndlr)
doit avoir résidé au Togo au cours des douze derniers
mois (...). |
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Même
au Togo, où la presse est bâillonnée, la
colère monte (...) |
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Réaction de la
presse ghanéenne: |
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