Lomé / Paris, 14 avril 2003: Le chef de l'Etat togolais
Gnassingbé Eyadema se prépare à briguer un
nouveau mandate présidentiel, ce malgré son engagement
solennel en juillet 1999 à se retirer à la fin du
mandat courant.
De sources bien informées à Paris, le général
Eyadema a d'ores et déjà fait passer les commandes
de tricots T-shirts à son effigie pour battre campagne. Le
retard dans la livraison de ces accessoires serait entre autres
raisons à l'origine de l'annonce tardive de la date du scrutin,
désormais fixée au 1er juin 2003.
Au terme de la Constitution togolaise, le corps électoral
devra être convoqué au plus tard 60 jours avant l'expiration
du mandat courant.
L'engagement solennel à ne plus briguer un autre mandat
avait pourtant été rendu public devant la presse par
le chef de l'Etat togolais en personne et constituait une des clauses
centrales de l'Accord-cadre de Lomé signé sous le
parrainage du Président français Jacques Chirac. Cet
accord de compromis entre pouvoir et opposition avait été
présenté comme une amorce de sortie de crise post-électorale
en 1998.
Il n'est pas encore établi à l'heure actuelle, si
cette décision de briguer un autre mandat explique les rapports
tendus depuis quelques semaines entre le général Eyadema
et l'ambassadeur de France au Togo. Le général Eyadema
aurait demandé le rappel du diplomate français. Tensions
réelles ou manuvres destinées à entretenir
à la façade l'impression que le général
Eyadema serait candidat " malgré la France ".
Toujours est-il que le silence persistant de M. Chirac, le parrain
de ces Accords, sur une éventuelle candidature du chef de
l'Etat togolais risque de mettre sérieusement à mal
la crédibilité du locataire de l'Elysée dans
la crise togolaise et dans d'autres ailleurs en Afrique francophone.
En violation des Accords - cadre de juillet 1999, le Code électoral
togolais avait e été modifié, permettant l'élection
d'une Assemblée législative exclusivement contrôlée
par le parti du général Eyadema, le Rassemblement
du Peuple Togolais (RPT). Cette nouvelle assemblée procéda
à son tour, le 30 décembre 2002, une modification
de la Constitution autorisant une nouvelle candidature du général
Eyadema, au pouvoir depuis 36 ans
Jeudi soir le gouvernement togolais avait dans un communiqué
lu à la télévision nationale invité
les responsables politiques et la population au calme, signe qui
renforce les appréhensions de violence électorale.
Rappelons que les conditions de candidature ont été
modifiées d'une manière visant de toute évidence
l'exclusion de la course des candidats potentiels de l'opposition.
Parmi ces mesures d'exclusion figure "la condition de résidence
" visait ostensiblement l'opposant numéro un au régime
du président Eyadéma, Gilchrist Olympio, qui vit en
exil.
M. Olympio, leader de l'Union des Forces du Changement (UFC) a annoncé
le 28 mars à Paris qu'il serait candidat. Il est actuellement
le seul déclaré pour le compte de son parti.
La CFD, un collectif de sept autres partis d'opposition, ne s'est
pas encore prononcée sur le choix de son candidat.
Les candidatures sont enregistrables jusqu'au 1er mai 2003 au plus
tard. La caution d'inscription est passée de 10 millions
de Francs CFA en 1998 à 20 millions. En 1993, elle était
à 5 millions.
Le président Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir
depuis trente-six ans, avait plusieurs fois annoncé, notamment
en juillet 2001, son intention de se retirer de la course présidentielle
en 2003, conformément à la constitution ancienne formule.
Même si son proche entourage ne fait pas mystère depuis
des mois de son souhait de le voir se représenter, le président
Eyadéma a jusque là gardé le silence sur ses
intentions.
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