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Ouagadougou,
5 Décembre 2002: Le Président togolais, Gnassingbé
Eyadéma, vient d'opérer un véritable coup de
balai dans le sérail gouvernemental. Cinq ministres et pas
des moindres, ont été remerciés. Parmi eux, celui
qui a conduit pendant de longues années la diplomatie togolaise
et le ministre de l'Intérieur, l'homme-orchestre des récentes
élections plus que contestées, le ministre des Finances,
grand argentier dans un pays où l'argent ne court pas les couloirs
du Trésor public. A quoi correspond cette opération
de nettoyage qui ne dit pas son nom?
La question apparemment anodine, a pourtant tout son sens. Car,
en 35 ans de règne sans partage, l'ancien sergent de l'armée
coloniale française, a usé tant de cerveaux de son
pays pour la consolidation de son pouvoir personnel et personnifié.
Depuis 1967, il a fait défiler dans les hautes sphères
de l'Etat des hommes et des femmes qu'il plaçait et déplaçait
tels des pions de damier ou d'échiquier. Ce nouveau remaniement,
selon toute vraisemblance, s'inscrit dans la continuité de
la logique d'Eyadéma : faire du sang neuf autour de lui.
Mais il ne semble pas lui venir en tête que le Togo, son pays,
a besoin de sang neuf. Ce qui devrait, en toute logique, commencer
par lui-même.
De ce point de vue, il faut espérer qu'en bon officier supérieur,
il tiendra la parole donnée en 1999, lorsqu'il a proclamé
que son mandat en cours était le dernier. Mais le scénario
semble le même que depuis le début. En octobre dernier,
il fit organiser des élections législatives au forceps.
Boycottées par l'opposition, ces législatives ont
donné une majorité étouffante au Rassemblement
du peuple Togolais (RPT), son parti. Cette majorité pourrait
procéder comme le prévoient beaucoup d'observateurs,
à une relecture de la Constitution afin de permettre au Général
de briguer un nouveau mandat. Bref, tout porte à croire que
le miraculé de Sarakawa s'aménage doucement, mais
sûrement une présidence à vie. En tout cas,
le décor se dessine progressivement.
Et pourtant le Togo est aujourd'hui à la croisée
des chemins. L'économie nationale est empêtrée
depuis des années maintenant dans un gouffre qui commence
déjà à asphyxier les ménages. Jadis
appelé la Suisse de l'Afrique, le Togo ne pèse plus
lourd sur l'échiquier économique de l'Ouest-africain.
A cela s'ajoute la bouderie des bailleurs de fonds qui protestent
contre la démocratie à la Eyadéma. Mais tout
cela ne semble guère émouvoir le dignitaire de Pya
qui est aujourd'hui l'un des derniers survivants des pères
des nations africaines. En effet, Eyadéma est en passe de
battre tous les records de longévité à la tête
de l'Etat en Afrique. Apparemment, la longévité au
pouvoir n'est pas forcément synonyme de sagesse. Et le cas
Eyadéma en est la parfaite illustration.
Les chefs d'Etat africains, en général plus préoccupés
par la conservation du pouvoir que l'intérêt général
de leur pays, s'accrochent, font le lit d'un immobilisme, bâti
sur le culte de la personnalité. Dans tous les cas, Eyadéma
serait plus sage de tenir sa parole. Le médiateur qu'il est,
dans la crise ivoirienne, peut-il courir le risque d'être
un homme, de surcroît un Général, qui n'a aucun
respect de la parole donnée ? Dans quelques mois, l'on aura
sans doute la réponse à cette question avec la présidentielle
de 2003. Mais déjà, les actes posés au quotidien
laissent entrevoir que ce serait une surprise si le Général
respectait ses engagements. Après cette majorité aux
dernières élections et le remaniement ministériel
spectaculaire, il ne reste plus que les fils du pays, appuyés
par les chefs coutumiers, de demander à papa Eyadéma
de rester. Ce ne serait pas la première fois.
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Le Pays (Ouagadougou)
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A quoi correspond
cette opération de nettoyage qui ne dit pas son nom? |
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Et pourtant le Togo est aujourd'hui à la croisée
des chemins. L'économie nationale est empêtrée
depuis des années maintenant dans un gouffre qui commence
déjà à asphyxier les ménages. |
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Les chefs d'Etat
africains, en général plus préoccupés
par la conservation du pouvoir que l'intérêt général
de leur pays, s'accrochent, font le lit d'un immobilisme, bâti
sur le culte de la personnalité. Dans tous les cas, Eyadéma
serait plus sage de tenir sa parole. Le médiateur qu'il
est, dans la crise ivoirienne, peut-il courir le risque d'être
un homme, de surcroît un Général, qui n'a
aucun respect de la parole donnée ? Dans quelques mois,
l'on aura sans doute la réponse à cette question
avec la présidentielle de 2003 ... |
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