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La présente interview a été menée
par Franck EKON à Paris pour le journal Reporter.
La rédaction TOGO Confidentiel
pense que nos lecteurs devraient se faire leur propre opinion
du contenu. Voici la version intégrale. Note de la
rédaction.
Paris, le 1er janvier 2003
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Franck EKON: Le nouveau parlement togolais, issu
des élections controversées d'octobre dernier
ne cache plus sa volonté, de procéder à
la révision de la constitution adoptée en 1992
pour " trouver une solution aux problèmes qui minent
le Togo. "
Selon Natchaba, Président de l'assemblée nationale,
38 députés de la mouvance présidentielle,
viennent d'ailleurs d'écrire une correspondance dans
ce sens au bureau de l'assemblée nationale. Qu'en pensez
vous ? |
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Messan Agbéyomé KODJO: En fait cela ne
me surprend guère. Le masque est définitivement
tombé. La comédie ne saurait durer plus longtemps.
Cette ambition que nourrit depuis belle lurette EYADEMA en dépit
de ses sempiternels reniements, a trouvé son épilogue
en cette fin d'année, sous forme d'un cadeau cauchemardesque
au peuple togolais.
On dirait un canular. Et pourtant
Cet événement
est sans surprise pour tout observateur avisé de la scène
politique togolaise et surtout pour ceux d'entre nous qui avons
eu la malchance de travailler en toute bonne foi avec ce personnage,
car ils ont la triste expérience de toucher et de cerner
la vraie nature de l'homme qui peut assimilé à
JANUS
Il y a déjà six mois voyant le danger pointer
à l'horizon et après avoir épuisé
vainement toutes mes ressources pour le conjurer j'ai décidé
de prendre mes distances et ai attiré votre attention
sur le complot qui était en cours de préparation
contre la démocratie et le peuple togolais. Je vous
avais convié à la vigilance et à la résistance
pour empêcher l'exception togolaise que la communauté
internationale n'hésite pas à qualifier de honte
de l'afrique.
Il nous est difficile de comprendre qu'après que nous
ayons déployé, grâce au sacrifice du peuple
togolais dans son ensemble, tous les efforts pour respecter
les contraintes imposées par le FMI dans le cadre du
Programme Intérimaire Renforcé, Eyadema refuse
le moindre compromis à l'opposition pour organiser
de manière consensuelle les élections législatives
qui devaient ouvrir la voie à la levée des sanctions
économiques contre notre pays.
La soif de demeurer au pouvoir était sans aucun doute
pour lui plus forte que l'allégement du fardeau de
la souffrance qui pèse sur nos populations depuis plus
de dix ans.
" Je n'ai jamais voulu du pouvoir, le destin m'a
forcé la main, quand j'ai voulu quitter le pouvoir
en 1971, les vielles femmes s'étaient constituées
en barricades humaines sur les voies ferrées pour me
contraindre de revenir sur ma décision, j'irai me reposer
au village en 2003 à la fin de mon mandat, la constitution
ne sera pas révisée, on ne fait pas une loi
à la taille d'un homme "
Toutes ces déclarations venant d'Eyadema sonnent aujourd'hui
faux, au regard du coup de force constitutionnel que vient
d'opérer l'Assemblée monocolore, au bénéfice
de la famille Eyadema.
Le moment est donc venu de vous décider soit demeurer
dans l'esclavage moderne, soit donner des ailes à notre
liberté confisquée depuis la nuit des temps.
S'il il était temps hier d'espérer, aujourd'hui
plus que jamais, le temps d'une action vigoureuse est venu,
car l'avenir appartient aux peuples courageux, qui prenne
leur destin en main.
Personne ne viendra de l'extérieur nous libérer
des chaînes de la servitude dans lesquelles la démagogie,
la manipulation et le rachat des consciences, la terreur nous
ont maintenus, depuis des décennies.
Eyadema est convaincu dans le tréfonds de son subconscient
qu'il est né pour être Chef et que seule la mort
peut le séparer du pouvoir.
Il apparaît plus que jamais évident que Eyadema
veut une présidence à vie, il vient de s'en
donner les moyens où à défaut, faire
de notre pays une monarchie constitutionnelle.
Cette réalité devra alimenter la détermination
des leaders de l'opposition, de la société civile
et à l'ensemble du peuple togolais pour définir
les nouveaux moyens de lutte susceptibles d'en découdre
avec ce système qui produit régression sociale
et une oligarchie familiale.
En fait, depuis son retour au Togo après ses rases
campagnes d'Indochine et d'Algérie où il a servi
dans la coloniale, EYADEMA est resté fidèle
à sa vision et à sa stratégie : le pouvoir
se conquiert dans la violence et s'exerce et se conserve par
les mêmes armes. .Pour lui le détenteur historique
du pouvoir politique est à la fois la source de la
légitimité et le fondement de la légalité.
Le pays est son patrimoine, les citoyens sa propriété.
Tenez, en 1963, il était à la tête du
commando qui élimina Sylvanus Olympio, élu démocratiquement
et ayant exercé moins d'un an son mandat à la
tête du pays. Grunitzky prendra la succession d'Olympio
avec l'appui de l'armée, trois années plus tard,
on retrouvera le même EYADEMA à la tête
d'un commando pour exiger du gouvernement de Grunitzky convoqué
nuitamment, sa démission et le transfert à titre
provisoire, du pouvoir d'Etat à l'armée, quatre
mois plus tard il se proclame Président de la République
et instaure un pouvoir personnel qu'il dote d'un parti unique
en 1969 au dessus duquel le place les statuts.
Cinq ans plus tard. il institutionnalise son pouvoir autocratique
en proclamant la primauté du parti sur l'Etat, ses
institutions et ses lois .des lors sa volonté personnelle
enrobées dans les décisions du parti devient
la loi fondamentale qui prime les lois de la République,
gouverne ses institutions et la vie privée des citoyens
Les résistances de l'intelligentsia progressiste,
des officiers patriotes de l'armée et des membres du
gouvernement à cette initiative anticonstitutionnelle
et antidémocratique, furent violemment brisées
et neutralisées. Eyadema réussit à coup
de force, d'intimidation, et de manipulation à s'imposer
tant à l'armée, à la société
civile qu'au gouvernement de la république.
.
Ce bref rappel historique a pour simple objectif d'éclairer
ceux qui l'ignorent que, EYADEMA n'a jamais respecté
aucune loi qui contrarie son ambition.
Il utilise pour ce faire l'arme de la violence pour tenir
ses rivaux ou ses égaux et ses adversaires au respect.
Son pouvoir est né dans la violence constitutionnelle
et physique, il l'exerce dans cet état d'esprit avec
les mêmes moyens, en recours à l'usage immodéré
de l'argent public pour corrompre, pour acheter les consciences,
et en confisquant les libertés, et ceci sans état
d'âme, dans le mépris total de la volonté
populaire.
Il me plaît à ce niveau de mon exposé
de vous rappeler une anecdote tirée de mon expérience
de Président de l'Assemblée Nationale, au lendemain
de la signature de l'Accord Cadre de Lomé.
En effet quelques mois après la signature de l'Accord
Cadre de Lomé le 29 Juillet 1999 se tenait dans la
capitale politique du Nigeria, Abuja, l'Assemblée Paritaire
ACP/EU. J'étais à cette réunion des parlementaires
avec Maurice PERE et Faure GNASSINGBE, et Kwassi KLUTSE
L'enthousiasme populaire soulevé par la signature cet
accord qui mettait fin à plusieurs mois de vives tensions
politiques dans le pays, ouvrait à priori les portes
de la normalisation de la coopération avec l'UE.
J'ai donc organisé une concertation avec un groupe
de députés européens pour les convaincre
de soutenir une résolution en séance plénière
pour la levée des sanctions économiques contre
le Togo.
Au cours de cette rencontre les eurodéputés
nous ont clairement signifié que votre président
ne méritait aucune confiance, et qu'ils souhaitaient
voir l'évolution de la mise en uvre de ces accords
pour se prononcer. Il semblé jouer le jeu pour l'aboutissement
de cette négociation inter togolaise mais rien ne garantie
qu'il acceptera la mise en uvre des dispositions prévues.
Ils ont salué notre initiative avant de conclure
que c'est votre Chef d'Etat qui pose problème. Il est
connu comme quelqu'un qui ne respecte pas la parole donnée.
La suite de l'histoire nombreuses péripéties
qui ont marqué les travaux du Comité Paritaire
de Suivi et la mission des Facilitateurs de la communauté
internationale donne parfaitement raison, à leur jugement
prémonitoire.
En remontant l'histoire politique de notre pays depuis les
indépendances, un arrêt sur la personnalité
de Eyadema, depuis qu'il est au devant de la scène
politique togolaise pendant ces quatre dernières décennies,
permet de mieux situer le trait dominant du caractère
de celui qui nous gouverne.
La volonté d' EYADEMA de se tailler une constitution
à la mesure de ses ambitions ne doit pas nous surprendre.
Il a l'habitude de s'accommoder de la loi quand ça
l'arrange, il la piétine quand il peut, il la viole
quand elle devient un obstacle. Les exemples sont nombreux
dans la marche de notre peuple sous sa conduite vers son destin
soumis aux fantasmes de son leader.
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Franck EKON: L'opposition démocratique
a vivement réagi contre ce projet rejetant par la même
occasion l'éventualité d'une candidature de l'actuel
Chef de l'Etat togolais aux prochaines présidentielles.
Souscrivez vous à cette position? |
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Messan Agbéyomé KODJO: La Coalition
des Forces démocratiques est dans son rôle et
je salue au passage le bilan de son action en très
peu de temps.
C'est dans l'union que réside la force de toute organisation
humaine. Le pouvoir a très souvent joué sur
les dissensions internes des formations de l'opposition pour
les affaiblir et les discréditer aux yeux de l'opinion
nationale et internationale.
Je suis très attentivement ses activités de
ce front de refus d'arbitraire et du pouvoir à vie,
et les relaie auprès des politiques et décideurs
européens leurs préoccupations et leur volonté
d'offrir aux togolais un environnement de paix et de justice
sociale.
Mais la CFD dans la phase actuelle du combat doit aller plus
loin, car elle cristallise et constitue le réceptacle
des espoirs de l'ensemble du peuple togolais, qu'elle est
appelée à fédérer et à
cristalliser pour en faire un puissant ferment de lutte et
de transformation sociale .
Aujourd'hui, la CFD n'a plus le droit de se limiter dans
ses actions par des condamnations et des prises de position
qui amusent le dictateur complètement coupé
des réalités, et se prenant pour le meilleur
des togolais capable de préserver l'unité de
la nation, et de réaliser le bonheur des togolais,
alors que toute la réalité démontre le
contraire.
Le Togo ne représente que l'ombre de lui-même,
diplomatiquement isolé, économiquement ruiné,
socialement miséreux, et condamné à adorer
des faux dieux, créer par Eyadema pour conforter son
emprise sur le pays.
Le Togo depuis sa naissance n'a jamais été dans
cet état de délabrement avancé, et ce
n'est pas le mauvais procès fait à la transition
qui a duré à peine un an qui ferait changé
le jugement de l'histoire.
Pour ma part si le Chef ne respecte pas la loi et les mesures
réglementaires,, on ne devait plus avoir de scrupules
pour le combattre avec les mêmes armes.
La CFD doit désormais prendre la mesure du défi
à relever et s'engager dans un combat de type nouveau
pour en finir avec ce régime qui obstrue l'avenir du
peuple en général et de la de la jeunesse en
particulier.
Le peuple a tout donné, l'opposition a tout essayé,
maintenant, il faut trouver d'autres moyens sur la base de
l'unité d'action retrouvée, pour mettre fin
à ce système qui considère que la peur
du fusil et la faim au ventre, comme moyen de terreur pour
opprimer un peuple d'une rare qualité de docilité
et de tolérance et de compréhension.
Nous ne devons plus avoir peur. Le pouvoir au fil des ans
a détruit l'âme de notre peuple, et nous n'avons
plus rien à craindre sinon, nous battre pour recouvrer
notre liberté et évoluer désormais dans
un environnement de justice et de responsabilité.
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Franck EKON: Le Président Eyadema au pouvoir
depuis 1967 a plusieurs fois réaffirme son intention
de quitter le pouvoir en 2003pour se reposer. La polémique
actuelle autour du reniement de sa parole de militaire n'est
elle pas quelque peu surfaite? |
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Messan Agbéyomé KODJO: Comme je l'avais
dit plus haut pour EYADEMA les promesses n'engagent que ceux
qui les reçoivent .EYADEMA déclare souvent qu'il
n'a jamais voulu du pouvoir, qu'il y a été contraint
par le peuple.
Cette assertion sévèrement mise à l'épreuve
par la modification constitutionnelle et des manifestations
de soutien commandées et payées qui l'ont précédées
, détruit le mythe fondateur d'un pouvoir forgé
sur le mensonge, la manipulation des consciences, et les violation
de toute nature.
Eyadema n'a jamais rien respecté sauf tout ce qui touche
à son image et à son pouvoir personnel, et pour
ce seul binôme et pour lui seul, aucun sacrifice n'est
effectivement grand à ses yeux. |
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Franck EKON: En Août 2001
alors que vous étiez Chef de Gouvernement, vous aviez
appelé à une révision constitutionnelle
ouvrant la voie à une possible candidature de EYADEMA
en 2003.Certains observateurs prétendent que votre sortie
d'alors était sous - tendue par le dessein de pousser
le locataire de Lomé 2 à confirmer à son
corps défendant la promesse de s'en aller ... Cela vous
a t- il crée des ennuis à l'époque ? |
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Messan Agbéyomé KODJO: L'histoire qu'on
m'attribue d'avoir pris position pour la révision de
la constitution permettant à Eyadema de rempiler pour
un troisième mandat est un peu surréaliste.
Nous étions à Palimé à l'occasion
d'une journée de réflexion organisée
par le parti à la veille du 30 Août 2001. C'est
Natchaba qui a fait publiquement cette proposition que j'ai
appuyée pour des raisons internes à notre parti
.J'ai pris néanmoins soin d'aviser la communauté
internationale et face au tollé suscité par
cette imposture Eyadema, fut contraint de se défausser
sur ses collaborateurs notamment son Premier Ministre de l'époque,
et réaffirma sa volonté de respecter ses obligations
constitutionnelles morales et politiques .La suite de cet
épisode est connue.
Aujourd'hui tout le monde entier reconnaît que c'est
Eyadema lui-même qui est derrière toutes les
manuvres qui ont précédé la honteuse
manipulation de notre constitution, votée massivement
le 27 Septembre 1992 et dont je fus la cheville ouvrière.
Il n'y a qu'au Togo que selon Eyadema le peuple ne veut personne
d'autre que lui. Partout sur le continent on observe des changements.
L'exemple le plus récent nous vient du Kenya, où
Arap Moi a accepté de se plier aux dispositions constitutionnelles
pour se retirer et passer le témoin à son adversaire
politique sans recours aux manuvres auxquelles nous
sommes habituées au Togo qui ont pour nom manipulation
des résultats du verdict populaires ou des violences
exercées sur les adversaires politiques. Avant lui
Nelson Mandela, Alpha Konaré, Tshiluba, Rawlings Abdou
Diouf ont tiré leurs révérences en se
pliant à la volonté du suffrage universel.
.
Pour moi cette modification de la constitution par l'assemblée
nationale est non avenue et de nul effet, c'est un non événement
car cette institution ne peut légitimement délibérer
au nom du peuple togolais dont l'écrasante majorité
ne s'y reconnaît pas.
Une décision de cette importance nécessite
que préalablement soit menée un grand débat
national pour rechercher et les sources éventuelles
de blocage qui grippent le fonctionnement harmonieux des institutions
républicaines avant de définir ensemble avec
les acteurs politiques les moyens d'y remédier. L'existence
d'une majorité parlementaire quelle qu'elle soit ne
peut priver le peuple de ses prérogatives de se prononcer
sur des choix aussi stratégiques qui conditionnent
et déterminent son avenir. Enfin il me semble que cela
relève du gangstérisme politique que de changer
les règles du jeu à la veille d'une compétition
de cette envergure
Pourquoi décider de doter le Togo d'un Sénat,
alors que Eyadema se plaint tout le temps que les députés
sont trop nombreux pour notre pays et trop bien payés
? Est-ce en multipliant les charges de la nation qu'il serait
à même de payer régulièrement les
salaires aux travailleurs aux veuves aux retraités
et aux étudiants, et d'attirer les investisseurs pour
créer des emplois à nos jeunes qui atteignent
l'age de la retraite sans avoir jamais eu un emploi salarié
?
Pourquoi modifier le mode de scrutin, uniquement, pour jouer
sur cette balkanisation avortée de notre pays ?
On voit clairement que l'exposé de motif qui a conduit
à la dénaturalisation de notre constitution,
a obéi à des préoccupations purement
privées et politiciennes.
Pour moi il y a plus urgent à faire aujourd'hui que
la modification de la constitution pour laquelle l'actuelle
représentation nationale n'a aucune légitimité
pour exercer cette prérogative.
Il y a là donc un parjure et un acte de trahison supplémentaire
qui alourdissent le contentieux entre Eyadema et le peuple
togolais, et le jugement du tribunal de l'Histoire interviendra
le moment venu.
Il appartient désormais aux juges de la cour constitutionnelle
de prendre leur responsabilité.
Il dispose à cet effet des instruments que nous offrent
en son article 45 les dispositions de notre constitution
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Franck EKON: Actuellement au Togo des associations
de femmes et de jeunes des groupes de chefs traditionnels et
des personnes proches du pouvoir sont régulièrement
présentés à la télévision
pour soutenir les velléités de modification de
l'article 59 de la constitution qui limite à deux le
nombre de mandats présidentiels .Que vous inspire cette
situation? |
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Messan Agbéyomé KODJO: Tous les groupes
et diverses associations de circonstance qui défilent
à la télévision pour réclamer
la modification de la constitution, tout comme ceux qui sur
l'esplanade du Palais des congres exultent de joie après
cette forfaiture n'y croient vraiment pas car ils savent mieux
que tout le monde que la source de la misère qui est
le lot quotidien de toutes les couches sociales, à
une seule origine : le système de gouvernement qu'incarne
EYADEMA, marqué par le déficit de moralité
publique et des pratiques mafieuses.
La jeunesse toute entière n'a plus le droit de se
complaire des situations de faits accomplis, elle doit se
mobiliser pour défendre son avenir hypothéqué
par une action politique dévoyée de sa mission
première.
Les distributeurs automatiques de billets de banque de Lomé
ne seront pas fonctionnels à plein temps pour elle,
encore moins toute sa vie. Il lui faut les conditions idéales
pour qu'elle s'épanouisse et apporte à notre
pays son intelligence, son initiative, sa créativité
et sa générosité.
La jeunesse à travers l'histoire de l'humanité
est le miroir de l'avenir de toute nation. Celle du Togo ne
pourra se construire, que dans la prise de conscience de cette
réalité, en refusant la facilité et la
fatalité en s'investissant résolument dans l'effort,
pour se forger les armes du futur qui lui permettront de dessiner
les contours de son avenir et celui de la nation toute entière.
Quand on interroge certains chefs traditionnels, gardiens
de nos us et coutumes, sur leurs attitudes qui frisent la
prostitution morale et politique, qui avilit de ce qui reste
sacré dans notre culture, ils répondent clairement
qu'ils ne veulent pas avoir des problèmes avec les
autorités de tutelle.
Ils exécutent les ordres transmis au préfet
par la Ministre de l'intérieur. Voila la réalité
Toutes ces gesticulations ne trompent aucun togolais mais
GNASSINGBE et ses missi dominici circulent dans le monde occidental
pour dire que l'opposition est défaillante elle ne
sait pas ce qu'elle veut le peuple est soudé derrière
son chef et que le départ d'EYADEMA en 2003, ouvrirait
la voie à la guerre civile.
Eyadema en modifiant l'article 59, à la veille de
la Saint Sylvestre pense avoir fait un beau cadeau de fin
d'année aux populations en leur faisant " don
à vie de sa personne ", qui seule leur garantie
un " filet de protection contre la guerre civile,
et une condition sine qua non de leur bonheur. ".
Il faut que les hommes du Président, trouvent des
arguments plus porteurs et crédibles que la menace
permanente d'une guerre civile qui devient ridicule.
En 1963 Olympio a été assassiné pour
éviter au Togo une guerre civile,.En 1967 Grunitzky
a été contraint à la démission
pour céder le pouvoir à l'armée pour
éviter la guerre civile dans notre pays .
Aujourd'hui encore, on brandit le même argument pour
soutenir l'idée de la révision constitutionnelle
pour assurer à EYADEMA un pouvoir sans fin, sans partage,
et sans contrôle sur un pays ruiné, isolé
de la scène internationale, muselé par une main
de fer, sur des populations épuisées par la
misère, et qui ploient sous le poids des injustices.
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Franck EKON: De nombreuses personnalités
de l'opposition dont vous-même pensent que la garantie
formelle de ne pas être poursuivi à son départ
du pouvoir tranquilliserait Eyadema et faciliterait les choses
dans le cadre d'une alternance pacifique au Togo ; mais d'autres
ne veulent pas en entendre parler, estimant que ce serait faire
une insulte à la mémoire des victimes du régime
et aux exactions qu'on lui attribue. |
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Messan Agbéyomé KODJO: EYADEMA n'a pas
besoin de garantie. Il avait déjà intimé
à la délégation de la mouvance présidentielle
au CPS de refuser l'examen de la question relative aux statuts
des anciens dirigeants de la république, car il ne
se voit pas dans la peau d'un ancien Chef d'Etat.
Néanmoins le peuple togolais qui est un peuple de
croyant connaît la valeur du pardon comme le fondement
d'une réelle réconciliation. Il pardonnera de
tout cur et en toute bonne foi ceux qui l'ont offensé
dans l'exercice de leurs charges d'état, à condition
que ceux-ci le reconnaissent et fassent preuve de mea culpa
en toute sincérité.
L'acte de contrition est plus fort et plus sanctifiant que
la plus grande des lois d'amnistie du monde. C'est ce que
Eyadema et tous ceux qui l'ont servi depuis son émergence
subite et inopinée sur la scène politique devraient
faire. Pour ma part je fais à nouveau mon acte de contrition
pour avoir mis mon énergie et mon intelligence au service
d'un système et d'un homme qui tient son peuple dans
un profond mépris.
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Franck EKON: Que proposez vous en cas d'un durcissement
de la position du camp présidentiel, dans le cadre ce
toilettage de la constitution? |
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Messan Agbéyomé KODJO: Le durcissement
de la position présidentielle témoigne qu'elle
est sous la pression de son chef et que les 38 députés
qui ont déposé une requête visant la modification
de la constitution ne me diront pas que c'est en toute liberté
de conscience, ils y ont été conviés
par les missi domici de Eyadema
En tout cas l'institution parlementaire et surtout son Président
portent une lourde responsabilité dans les événements
qui se produiront.
Je puis vous affirmer que Eyadema a dépassé
les limites de l'imposture et il ne reste que des moyens plus
puissants pour l'obliger à comprendre qu'il n'est pas
au dessus du peuple encore moins de Dieu, pour clore cette
longue parenthèse.
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Franck EKON: Suite à votre réquisitoire
contre le pouvoir du Président Eyadema en Juin 2002,
certains estiment que votre présence sur le terrain à
l'image de votre ami Dahuku PERE pourrait être décisive
dans le cadre de l'alternance politique des rénovateurs
dont vous avez jeté les bases
Quels sont vos rapports
actuels avec la coalition des forces démocratiques. A
quand votre retour au Togo? |
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Vous savez la vie loin de son pays n'est jamais agréable,
surtout quand ceux qui refusent la contradiction et la libre
expression d'opinion sont capables d'utiliser les moyens les
plus ignobles et les plus vils pour tenter de vous réduire
au silence
Vous êtes au courant de tout ce que je subis en France,
harcèlement de toute sorte, menace de mort, de fausses
accusations, des indicateurs payés par ceux que vous
connaissez pour me suivre, et répertorier tous mes
mouvements, un leader de l'opposition que j'ai rencontré
a eu le loisir d'en être victime et pourra témoigner
si le désire, bref ma vie loin de mon pays est loin
d'être une partie de plaisir.
Dans tous les cas, j'ai une intime conviction, même
si dans ce combat contre l'injustice, l'arbitraire, et la
violation continue des droits de l'homme, il m'arrivait quelque
chose de grave, plus rien ne sera comme par le passé
au Togo.
La terre de nos aïeux connaîtra j'ensuis persuadé,
une nouvelle ère de fraternité, de respect de
l'autre dans sa dignité et dans ses droits, et verra
fleurir la démocratie, qui n'est rien d'autre qu'un
combat d'idée.
Ce n'est pas l'envie de rester sur le terrain qui m'a manqué,
vous vous souvenez des conditions dans lesquelles je fus recherché
dans tout le Togo, la manière indigne dont je fus traité
sur les medias par des groupes organisés et financés
pour répandre des insanités sur moi et me vouer
aux gémonies.
Tout cela n'est rien par rapport aux injustices quotidiennes
dont nombre d'entre vous sont victimes, les licenciements
arbitraires, les emprisonnements sur la base des accusations
fantaisistes dénuées de preuves formelles, et
tant d'autres humiliations. .
Ma pudeur et le respect dans lequel je tiens les institutions
de la république ne m'autorisent pas à répondre
à ce manque de civilité et de déficit
de moralité publique de la part de ceux qui nous gouvernent
qui au demeurant à travers leur vécu quotidien
ne sont nullement les symboles d'exemple à suivre.
Ceux là ont pour devise : " faites ce que je
vous dis ; ne faites pas ce que je fais ".
Je reviendrai bientôt au Togo et je vous rejoindrai
sur le terrain ; je prends des dispositions pour ce faire,
pour apporter sur le terrain ma contribution à la CFD
et en particulier au courant des Rénovateurs que dirige
mon ami PERE avec tant de dévouement et de détermination.
Nous serons très nombreux dans les jours qui viennent
car nos amis d'hier nous témoignent leur affection
et soutiens ; ils considèrent en définitive
qu'ils sont dans l'erreur et dans une impasse, mais pour le
moment ils sont retenus par la peur car ils connaissent "
les habitudes de la maison " quant au sort réservé
aux candidats à l'objection.
L'exemple récent de Mme Philomène ADAOUTEMA,
cette brave militante qui a tant donné au parti est
là, pour nous rappeler cette triste réalité
de la gestion du RPT et du pouvoir politique au Togo. Je lui
exprime ici mon soutien et mon admiration. Voila un bel exemple
de courage et de sacrifice que nous donne une femme et qui
doit inspirer d'autres otages du parti Etat.
Je souhaite au peuple togolais une bonne année 2003
en dépit du cadeau empoisonné que lui offre
le premier magistrat en lieu et place de meilleures conditions
de vie et de l'espérance qui devra ouvrir pour nous
tous une aube nouvelle.
Je sais que face à cette imposture, quoiqu'il arrive
la flamme de la résistance du peuple togolais ne pourra
s'éteindre, et qu'elle parviendra à bout, de
l'obscurantisme, et du déshonneur national. Que Dieu
nous garde tous dans son amour et nous permette que le chemin
de l'espérance débouche cette année 2003sur
l'action libératrice, porteuse du progrès, de
justice et de paix véritable afin que renaisse notre
pays des cendres de la tyrannie
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Propos recueillis par Franck EKON
Envoyé spécial de Reporter |
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Fait à Paris le 1er Janvier 2003 |
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www.togo-confidentiel.com
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"Je n'ai jamais
voulu du pouvoir, le destin m'a forcé la main, quand
j'ai voulu quitter le pouvoir en 1971, les vielles femmes s'étaient
constituées en barricades humaines sur les voies ferrées
pour me contraindre de revenir sur ma décision, j'irai
me reposer au village en 2003 à la fin de mon mandat,
la constitution ne sera pas révisée, on ne fait
pas une loi à la taille d'un homme"
Toutes ces déclarations venant d'Eyadema sonnent aujourd'hui
faux, au regard du coup de force constitutionnel que vient d'opérer
l'Assemblée monocolore, au bénéfice de
la famille Eyadema." |
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(...) Il
appartient désormais aux juges de la cour constitutionnelle
de prendre leur responsabilité.
Il dispose à cet effet des instruments que nous offrent
en son article 45 les dispositions de notre constitution. |
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(...) Dans tous les
cas, j'ai une intime conviction, même si dans ce combat
contre l'injustice, l'arbitraire, et la violation continue des
droits de l'homme, il m'arrivait quelque chose de grave, plus
rien ne sera comme par le passé au Togo.
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