Le role discret et non moins coupable du régime togolais dans les guerres "civiles" en Afrique ou comment Eyadema assistent les "mutileurs"
 

Le marchand de mort: Les embargos de l'ONU sont mis en échec par un mystérieux trafiquant d'armes, engagé dans tous les conflits majeurs du continent. Cet ancien officier du KGB dispose d'un extraordinaire "réseau commercial".

THE GUARDIAN
Londres

Un trafiquant d'armes russe, ancien officier du KGB, sape l'impact des sanctions internationales en fournissant des armes aux forces rebelles en Afrique en échange de diamants. Et il est explicitement nommé dans un rapport de l'Organisation des nations unies (ONU) qui fera date. Viktor Anatolievitch Bout, détenteur d'au moins cinq passeports de nationalité différente, connu sous au moins sept pseudonymes, y est présenté comme l'homme d'affaires coupable d'alimenter des guerres civiles dans toute l'Afrique, en particulier les conflits en Sierra Leone, en Angola et en République démocratique du Congo. Il est accusé de livrer des armes lourdes, des fusils d'assaut et des munitions d'Europe de l'Est aux groupes rebelles qui contrôlent les mines de diamant.

L'ONU révèle comment un réseau commercial clandestin, au coeur des guerres les plus longues et les plus déstabilisantes qu'ait connues l'Afrique, a recours à de faux certificats d'utilisateur final pour les armes. L'un des deux rapports, consacré à l'Angola, soupçonne M. Bout d'avoir organisé 38 vols aériens pour livrer de l'équipement lourd aux rebelles de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA). Le réseau de sociétés de M. Bout aurait travaillé avec un Britannique. C'est lui qui aurait pu "obtenir de nouveaux numéros d'identification pour les appareils auprès de certains pays moins scrupuleux". Avec ce genre de "pavillon de complaisance", on peut contourner la paperasse administrative, toujours selon l'ONU.

Un deuxième rapport des Nations unies affirme que la flotte d'anciens avions soviétiques de M. Bout, enregistrée sous le nom d'Air Cess, avait servi à livrer des hélicoptères d'attaque, des véhicules blindés et des mines antichars au Liberia, qui soutient les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) en Sierra Leone.

M. Bout, âgé de 33 ans, est né à Tachkent et a fait son service militaire dans l'armée de l'air soviétique. Il gère ses opérations illicites depuis une propriété entourée de murs installée à Sharjah, dans les Emirats arabes unis. Le rapport de l'ONU a ceci d'exceptionnel qu'il se concentre sur un seul homme, donnant l'adresse et le numéro de téléphone de M. Bout, ainsi que le nom de son épouse, et détaillant ses contacts dans le monde entier dans les secteurs du trafic d'armes et du fret aérien. "Nous avions pour objectif de mettre en lumière l'interaction entre l'UNITA et un réseau flou de trafiquants d'armes et de transporteurs qui ont joué un rôle clé dans le réarmement [du mouvement rebelle], plus par appât du gain que par idéologie", soulignent les enquêteurs des Nations unies.

M. Bout vivrait avec son épouse, Alla, et son père, Zouiguine, qui, d'après le dossier de l'ONU, aurait "occupé à une époque un poste important au KGB, peut-être même celui de sous-directeur".

"Dans les milieux de la police internationale, on désigne souvent Viktor Bout sous le nom de Victor B. Et pour cause, dans la mesure où l'on pense qu'il disposerait d'au moins cinq autres identités et qu'il est fortement probable qu'il en a bien d'autres dont on ne sait rien." Parmi ses faux noms, on trouve Boutov, Butt, But, Budd, Bouta, toujours associés au prénom Victor ou Viktor. Il se présenterait également en tant que Vadim Aminov ou Viktor Boulakine.

Au sujet de son rôle dans la guerre civile en Angola, le rapport poursuit : "Pour déplacer des cargaisons illicites de par le monde sans éveiller les soupçons des forces de l'ordre, il faut un réseau organisé au niveau international, bien financé, jouissant de bons contacts et parfaitement au fait des procédures de courtage et des problèmes de logistique." L'argent récolté par l'UNITA pour ses achats d'armes provient de ses ventes illégales de diamants, qui, rien que pour 1999, ont atteint la somme de 150 millions de dollars.

Parmi les équipements que les rebelles angolais se seraient procurés auprès de la Bulgarie, on trouve par exemple des canons antiaériens, des canons automoteurs de 122 mm, des missiles sol-air et 20 000 obus de mortier. Le tout pour une valeur de 14 millions de dollars. La plupart de ces transactions ont été enregistrées sur des certificats indiquant le Togo comme destinataire final de l'armement. "Des enquêtes ultérieures ont révélé qu'une partie de ces certificats avait été fournie... entre autres par courrier express en provenance des Emirats arabes unis", continue le rapport, ajoutant que "le courrier a été envoyé par un certain M. Viktor Bout". La Bulgarie a informé l'ONU que, à une seule exception près, "la société Air Cess, détenue par Viktor Bout, est le principal transporteur de ces armes". Owen Boycott et Richard Norton-Taylor Extrait de Courrier International, 18/01/2001, Numero 533



 


 
 
 
www.togo-confidentiel.com
 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
 
réagir à cet article