MEMORANDUM DES REPRESENTANTS DE L'OPPOSITION A LA CENI
  Rapport d'étape des représentans de l'opposition à la Commission Electorale Nationale Indépendante de Juin 2000 à Janvier 2002
   
  TABLE DES MATIERES


www.togo.confidentiel.com
 
  I - DATES, PRINCIPALES RÉALISATIONS ET CERTAINS ACTES FORTS
  II - DIFFÉRENTS CALENDRIERS OU CHRONOGRAMNES ELECTORAUX ET
DATES PROPOSÉES POUR LES PREMIER ET DEUXIEME TOUR DU SCRUTIN
  III- DES CONDITIONS DE TRAVAIL
  IV- DES MOYENS DE TRAVAIL
  V- DES MEMBRES DE LA CENI ET DE LEURS QUALIFICATIONS
  VI- DES RELATIONS ET COOPÉRATION DANS LE TRAVAIL
  V- DES MEMBRES DE LA CENI ET DE LEURS QUALIFICATIONS
  VI- DES RELATIONS ET COOPÉRATION DANS LE TRAVAIL
  VII- DE L'ARRIVÉE DES EXPERTS
  VIII- DES OBSERVATEURS ÉTRANGERS
  IX- DU NOMBRE DES MEMBRES DES COMITES DES LISTES ET CARTES ET DES MEMBRES DES BUREAUX DE VOTE
  X- DES CRITIQUES CONTENUES DANS LE RAPPORT DES EXPERTS DE L'ONU, SUITE A LA MISSION DU 16 AU 27 AOUT 2001
  XI- DU RENOUVELLEMENT DE LA CENI
  XII- DES BLOCAGES A LA CENI
  ANNEXE 1: LE RAPPORT DE LA MISSION DES NATIONS-UNIES EN QUESTION
  RECOMMANDATIONS TECHNIQUES DE LA MISSION
  Fait à Lomé, le 14 Février 2002
   
 
 
 
 
 
 
 


I- DES DATES, DES PRINCIPALES RÉALISATIONS ...

       
9 Juin 2000   Approbation par l'Assemblée Nationale des vingt membres proposés par le CPS  
30 Juin 2000  
Prestation de serment des vingt membres au siège de la Cour constitutionnelle
 
5 Juil 2000   Mise en place du Bureau d'âge  
18 Juil 2000  
Mise en place sur une base paritaire de deux comités ad hoc
a) le premier, chargé de rédiger un projet de Règlement intérieur
b)le second, chargé de préparer un budget intérimaire d'urgence
 
22 Juil 2000   Election du président de la CENI  
24 Juil 2000   Mise en place du Bureau définitif  
Août 2000  
Requête adressée au Chef du Gouvernement, demandant l'octroi rapide d'une avance d'un montant de cent millions de francs (100.000.000 FCFA)
 
Sept 2000  
Un cabinet d'inventaire est commis pour faire l'inventaire du patrimoine hérité par la CENI
 
Oct 2000  
Adoption du Règlement Intérieur et Mise en place des Sous-commissions
 
28 déc 2000  
Le gouvernement met à la disposition de la CENI une somme de vingt cinq millions de francs (25.000.000 FCFA)
 
Janv 2001   Séjour à Lomé des Facilitateurs du Dialogue Intertogolais  
30 janv 2001  
Communiqué de la CENI, proposant les dates des 14 et 28 Octobre 2001.
 
Mars 2001  


La CENI demande au gouvernement de mettre à sa disposition les listes électorales de 1999, dernières en date, supposées être disponibles. (1)

(1) Conformément au Code Electoral (Art N°53), la révision des listes électorales se fait, sauf cas de force majeure, une fois chaque année, à partir des listes électorales immédiatement précédentes.

 
Avril 2001  
Mise à la disposition de la CENI d'une somme de 24.000.000 FCFA sur les 30.000. 000 FCFA promis par l'OIF, pour le fonctionnement de la CENI
 
22 Mai 2001  
Le Gouvernement met à la disposition de la CENI une somme de Cent Millions (100. 000. 000) de francs CFA.
 
Juin 2001  
Le chef du gouvernement s'oppose à la mission de la CENI destinée à installer les membres des CELI et des CLC, invoquant la nécessité préalable d'enquête de moralité sur les membres proposés par les Partis.
 
10-17 Juin 01  
Mise en place et formation des membres des CELI CLC, et démembrements de la CENI
 
Juil 2001  


Diverses missions d'Experts en séjour à Lomé dans le cadre du processus électoral, à la demande du Gouvernement (2)

- Mission d'un Expert de l'ONU

- Missions d'Experts de l'UE, en vue d'identifier les éléments du budget à financer par l'UE

- Mission d'Experts de l'OIF pour les mêmes raisons

(2) Ces Missions auraient dû arriver au Togo depuis un an environ, si les requêtes du gouvernement avaient été envoyées dans les délais raisonnables.

 
Juillet 2001  
Le CPS autorise la CENI à utiliser, les listes électorales de 1998 pour la Révision des listes, les listes de 1999 n'ayant pas pu être trouvées par le gouvernement dans un grand nombre de préfectures.

Le chef du gouvernement s'oppose à la mission de la CENI destinée
à la formation des démembrements en vue de la révision des listes électorales, invoquant malgré l'avis contraire de la CENI l'insuffisance de moyens financiers
 
Juillet 2001  
Approbation par le gouvernement de la dernière version du budget de la CENI, juste à la veille de rencontres avec des représentants de bailleurs de fonds
 
17 Juillet 2001  
Le Gouvernement met à la disposition de la CENI une somme de cent millions (100.000.000 de francs CFA)
 
Août 2001  
Le chef du gouvernement continue de s'opposer à la mission de formation en vue de la révision des listes électorales, alors que les matériels de formation ont déjà été distribués, dans les divers centres à l'intérieur du pays, pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus.
 
16-27 Août 2001  
Mission de deux Experts de l'ONU
 
4 Octobre 2001  
Communiqué de presse de la CENI annonçant que les dates des 14 et 28 Octobre 2001 proposées pour les élections législatives ne pourront pas être maintenues
 
Octobre 2001  
Le Chef du gouvernement s'oppose toujours à la mission de formation demandant que le rapport des experts de l'ONU soit au préalable examiné par le CPS
 
Novembre 2001  
Adoption d'un nouveau calendrier proposant les 10 et 24 Mars 2002 pour les premier et deuxième tours du scrutin.
 
23 Nov. 2001  
Le Gouvernement met à la disposition de la CENI, une somme de cent neuf millions six cent quatre vingt seize mille deux cent trente quatre francs (109.696.234 FCFA).
 
26 Nov-3 Déc 2001  


- formation des membres des CELI et CLC en vue de la révision des listes électorales

- formation par les membres des CELI et CLC des membres des comités des listes et cartes, en vue de la révision des listes électorales

- mise en place des membres des commissions techniques, des assistants techniques ainsi que des personnes ressources chargées d'apporter leur concours au processus.

 
1 Décembre 2001  
Dépouillement par un comité ad hoc de l'appel d'offres en vue de la fourniture de matériels. financés par l'UE, pour la révision des listes électorales
 
7 Décembre 2001  
Le Gouvernement met à la disposition de la CENI une somme de cinq cent millions de francs (500.000.000 FCFA) destinée à la révision des listes électorales
 
7-22 Déc. 2001  
Révision des listes électorales
 
5 Janvier 2002  
Dépouillement par un comité ad hoc de l'appel d'offres
en vue du traitement informatisé des listes électorales.
 
10 Janvier 2002  
La plénière de la CENI adopte le Rapport du comité ad
hoc mentionné ci-dessus
 
14-19 Jan 2002  
Séjour à Lomé des Facilitateurs du Dialogue Interntogolais
Après consultations avec chacun des Partis, membres du
CPS, entre autres, ils proposent:

- le renouvellement-reconduction de la CENI jusqu'à la tenue effective des élections;

- - la prise en charge, sous leur responsabilité de la confection et de la livraison des cartes d'électeurs
 
       

 


II DIFFÉRENTS CALENDRIERS OU CHRONOGRAMNES ELECTORAUX ET DATES PROPOSÉES POUR LES PREMIER ET DEUXIEME TOUR DU SCRUTIN
 
         
Le calendrier électoral dont, sont issues les dates des 10 et 24 Mars 2002 constitue le quatrième calendrier électoral ou chronogramme élaboré par la CENI. Le tout premier calendrier rendu public après plusieurs aménagements, l'a été en janvier 2001. Il était prévu pour démarrer le 12 Février 2001.

Avec ce calendrier qui s'étend sur un peu plus de huit mois, la CENI a largement le temps pour accomplir sa mission.

Mais, en raison de l'absence de financement, ce premier calendrier a été réaménagé trois fois, pour tomber toujours sur les 14 et 28 octobre 2001.

Il faut souligner que conformément au Code Electoral, (article N°90,) les dates avancées par la CENI ne demeurent que des propositions, tant qu'elles ne sont pas confirmées par décret. Or dans les deux cas, il n'y a jamais eu de décret.

De là à douter de la volonté des autorités d'organiser les élections prévues par l' ACL, toutes les hypothèses restent ouvertes...

Il faut signaler, avant de clore cette rubrique, que, aussi paradoxal que cela peut paraître, la CENI a appris, avec beaucoup de retard, que les listes électorales ayant servi aux élections législatives de 1999 ne sont pas disponibles dans un grand nombre de préfectures.
 
 
         

 


III- DES CONDITIONS DE TRAVAIL
         
S'agissant des conditions de travail, malgré les impératifs de délai, dès les tous premiers jours d'installation de la CENI, les mises en cause répétées des dates, dès le deuxième mois, les échanges, affirmations et critiques sur le fonctionnement de la CENI, sans mentionner les injonctions publiques venant des autorités, ont obligé les membres de la CENI à rester constamment attentifs et vigilants.

Sans le sens de l'humour qu'ils ont su développer assez rapidement et sans la grande ouverture d'esprit, dont chacun a fait preuve, les membres de la CENI. devraient tomber régulièrement en syncope à chacune de leurs séances.

Il faut y ajouter la détermination qui les anime, conscients qu'ils sont tous, de la haute mission, dont ils sont investis et de l'espérance, que les populations placent en eux.


 
 
         



IV- DES MOYENS DE TRAVAIL
 
         

Pour les moyens de travail, ce rapport d'étape s'en tiendra d'abord à :

l'inadéquation des salles, notamment de la salle des séances plénières, de la salle de documentation, sans parler de l'insuffisance notoire de bureaux à offrir aux membres de la CENI ; et ceci en dépit des démarches pressantes auprès du gouvernement.

Mais les difficultés les plus déterminantes proviennent du caractère erratique, avec lequel les ressources financières ont été mises à la disposition de la CENI.

Après avoir identifié des actions urgentes à mener, la CENI a adressé au gouvernement dès le début du mois d'août 2000 une demande d'une avance de cent millions de francs (100.000.000 FCFA). Cette demande a été appuyée par la suite de nombreuses démarches: lettres de rappel, visites et coups de téléphone aux Chefs du gouvernement (l'actuel et son prédécesseur). Ce n'est que le 28 Décembre 2001, que la CENI a reçu du gouvernement une somme de vingt cinq millions de francs (25.000.000 FCFA), soit le quart de la demande, et ceci près de cinq mois après, et six longs mois après la mise en place de la CENI.

Du reste, ce premier décaissement a été précédé la veille de la publication par les médias publics, d'une lettre du Chef de l'Etat, annonçant ledit décaissement. La lettre, abondamment diffusée pendant près d'une semaine n'est parvenue à la CENI, son destinataire normal, qu'après le début de sa publication.

Il faut relever en outre, une contradiction entre cette lettre d'une part, et d'autre part, l'insuffisance notoire du montant décaissé, ainsi que, le temps mis pour effectuer ce premier décaissement.

Les autres mises à disposition de ressources financières ont toujours été effectuées avec difficulté, et souvent après que le délai prévu pour démarrer l'opération concernée est arrivée.

Ensuite, il faudra insister sur le fait que les budgets de la CENI (celui du
fonctionnement de la CENI et celui destiné aux opérations électorales proprement dites), soumis au gouvernement dès la fin du mois d'octobre 2000, n'ont été consolidés, qu'au mois de juillet 2001, soit après plus de huit mois, et ceci, alors que les représentants des bailleurs (UE, OIF, ONU) demandant à prendre connaissance du budget des élections étaient à Lomé et s'apprêtaient à rencontrer le Chef du gouvernement.

Quelle interprétation donner à ce comportement? Chacun peut y aller de ses suppositions.

Ainsi les fonds prévus pour la formation des démembrements, en vue de la révision des listes électorales n'ont été octroyés qu'en début de soirée, le jour même où l'opération devait commencer.

Il en est de même pour les fonds destinés à la révision des listes électorales. Non seulement, ces fonds ont commencé à être remis le jour même du début de la révision, en fin d'après-midi, mais ils l'ont été en plusieurs tranches, sur plusieurs jours.

Au total, à ce jour le gouvernement a mis à la disposition de la CENI, la somme globale de huit cent trente quatre millions six cent quatre vingt seize mille deux cent trente quatre francs (834.696.234 FCFA) (1). (1) Voir en annexe 1 le détail des décaissements.
Vingt quatre millions de francs (24. 000. 000 FCFA) ont été encaissés par la CENI, en provenance de l'OIF. Ils sont destinés au fonctionnement de la CENI.
Les trois opérations principales réalisées par la CENI, à savoir :

- - Installation et formation des CELI et CLC
- - Formation en vue de la révision des listes électorales,
- - Révision des listes électorales
ont coûté la somme de plus de sept cent cinq millions de francs ( 705.000.000 FCFA ) (1)

Il a été dit et répété que le gouvernement a versé plus d'un milliard de francs (1.000.000.000 FCFA). Il est donc indiqué ci-dessus le montant total réel encaissé par la CENI, en provenance du gouvernement.

Il est également indiqué ici, l'essentiel de l'utilisation que la CENI en a fait.

De son côté, l'UE a décidé d'accompagner le processus électoral avec une subvention totale de plus de un milliard vingt trois millions deux cent quatre vingt douze mille neuf cent vingt francs (1.023.292.920 FCFA).
Cette subvention de l'UE n'a pas été remise à la CENI. Elle est gérée par les services de la commission selon des procédures spécifiques, relevant de la Convention de Lomé entre les ACP et l'UE. Elle est destinée spécialement à l'acquisition de matériels.

 
 
         



V- DES MEMBRES DE LA CENI ET DE LEURS QUALIFICATIONS
 
         
Deux des vingt membres de la CENI, nommés en juin 2000 ont été remplacés, de façon régulière, l'un ayant démissionné, l'autre ayant été nommé à une fonction incompatible avec celle de la CENI. Leur remplacement a été effectué, en accord avec leurs mandants.

Les vingt membres actuels, ainsi que les deux anciens, sont des cadres, tous de niveau universitaire, enseignants d'université, de Lycée et Collège, magistrat, médecin, ingénieurs, gestionnaire, administrateurs civils, professionnels de droit etc...

De plus, parmi les vingt membres actuels cinq ont été membres de la défunte CEN et au moins, deux ont été membres de commissions administratives, - équivalentes des actuelles Commissions des Listes et Cartes - et à ce titre ont supervisé l'un ou l'autre des scrutins organisés au Togo, durant les dix dernières années.

En définitive, c'est presque la moitié des membres de la CENI qui possèdent des références précises et concrètes en matière électorale au Togo et ailleurs dans le monde, durant les dix dernières années.

S'agissant des autres, il s'agit de cadres impliqués, dans activités politiques au Togo depuis très longtemps, membres l'Opposition et de la mouvance présidentielle confondues.

Au total, tous les vingt membres de la CENI disposent de compétences variées, que ce soit:
- dans l'organisation administrative,
- dans la gestion financière,
- dans la planification et la logistique dans les activités politiques de partis, sans parler évidemment des affaires électorales.

Il est donc inexact de parler à leur sujet d'incompétence ou d'inexpérience, en matière électorale.

De là à caractériser la CENI d'Institution politique, comme l'a écrit et ressassé Monsieur Merchoug, (1) il y a un pas à ne pas franchir.
Tout au long des dix-huit derniers mois chacun des membres de la CENI a soigneusement évité de mêler les sujets de politique partisane aux activités et tâches concrètes de préparation des élections, en dépit des tentations.

Chacun des membres de la CENI (opposition comme mouvance présidentielle) doit être fier de constituer à la CENI, un centre d'échanges et de discussions sur des sujets précis et spécifiques, s'agissant de la meilleure manière de réaliser au Togo, pour une fois, durant les dix dernières années des élections, vraiment libres, démocratiques, équitables et transparentes et tout cela consensuellement.
 
 
         



VI - DES RELATIONS ET COOPÉRATION DANS LE TRAVAIL
 
         

Dès le début des activités, la CENI s'est attachée à collaborer étroitement avec le CPS dont elle constitue une émanation technique, en charge uniquement du volet électoral de l'Accord-cadre de Lomé.

Plusieurs séances, de rapports d'étape ont eu lieu lors de plénières du CPS.
De même, la CENI s'est également attachée, en application stricte du Code électoral à établir des rapports étroits de collaboration avec les autorités, en particulier, le Chef du gouvernement, le Ministre de l'intérieur, le Ministre de l'économie et des Finances... etc.

C'est ainsi que l'élaboration du calendrier électoral aussi bien que les documents électoraux: - listes électorales, listes des bureaux de vote, évaluation du reliquat des matériels électoraux provenant des précédents scrutins etc. - a été réalisée, en étroite coopération avec des cadres du Ministère de l'intérieur, y compris Monsieur le Ministre lui-même.


(1) Monsieur Tayeb MERCHOUG est un fonctionnaire des Nations Unies. Il est de nationalité algérienne Quant au budget de fonctionnement de la CENI et à celui des élections, le travail a été réalisé en collaboration et avec les avis de cadres du Ministère de l'économie et des Finances.

(1) Montant provisoire, sous réserve de consolidation, après collecte des quittances et vérifications selon les règles

Un très grand nombre de séances: rapports d'étape ou explicitations de certains thèmes précis, a eu lieu avec le Chef du gouvernement, à chaque fois entouré de membres du gouvernement, soit à la demande de la CENI, et soit, le plus souvent à la demande du Chef du gouvernement lui-même.

À la demande du gouvernement, la CENI a travaillé étroitement avec des experts étrangers, envoyés par l'ONU. Dans les rapports rendus publics par ces experts, la disponibilité, la probité et le professionnalisme des membres de la CENI n'ont jamais été mis en doute.

Certes à un moment donné le Rapport des Experts des Nations-Unies a tenté d'insinuer des insuffisances en matière électorale des membres de la CENI. Le passage dans le rapport a soulevé un grand émoi, au sein de la CENI. Suite à la réprobation du Président de la CENI, le chef de la Mission de l'ONU a assuré qu'il s'est agi d'un malentendu.

Les membres de la CENI n'ont pas imaginé un seul instant, que ce malentendu pourrait avoir des prolongements ultérieurs, jusqu'au sein de l'Assemblée Nationale, auprès de parlementaires censés les représenter et les défendre, en leur qualité de citoyens et surtout de cadres chargés d'une mission de haute importance pour la patrie.

 
 
         



VII- DE L'ARRIVÉE DES EXPERTS
 
         
Du reste, sans se sous-estimer, la CENI a accepté la mise à sa disposition d'Experts chargés de l'assister et de l'épauler efficacement.

Un de ces Experts devrait d'ailleurs prendre part aux tâches liées à la révision des listes électorales. Il a été attendu en vain.

Et c'est avec une extrême frustration que les membres de la CENI ont appris par la suite que les listes d'Experts proposés au gouvernement, ont été rejetées.
La CENI n'a jamais été informée à ce jour ni de ces rejets et encore moins des raisons profondes de ces rejets.

Seul l'Expert désigné par les Nations unies, chargé de la coordination de la cellule des Experts, a séjourné au Togo en Décembre 2001 et Janvier 2002.
Il a quitté le Togo le 23 Janvier 2002, ayant attendu en vain l'arrivée de ses collègues.

S'agissant de la question des Experts, il importe d'indiquer que l'idée d'assistance d'Experts étrangers à mettre à la disposition de la CENI a été évoquée pour la première fois à l'une des plénières de la CENI, en relation avec la nécessité d'une expertise de qualité en planification et logistique électorales. N'ayant pas recueilli le consensus, elle a été abandonnée. '

A l'occasion d'une invitation du Chef de l'Etat togolais, ce dernier a soulevé une nouvelle fois l'idée en indiquant, que lors de ses entretiens avec les experts de l'ONU, ceux-ci avaient demandé un renforcement des compétences et expérience, en matière électorale, des membres de la CENI par des experts étrangers.
Réunie en plénière, la CENI a alors formellement approuvé le principe d'experts étrangers, sous réserve que les accompagnements financiers et logistiques soient arrangés entre le gouvernement et les bailleurs concernés.
Ce qui a été fait. Et le Rapport de l'ONU en a fait une de ses principales recommandations
On ne comprend pas dès lors, que le gouvernement traîne pour accréditer lesdits experts, ce gouvernement qui est prompt à brandir le Rapport de l'ONU comme sa Bible.
 
 
         

 


VIII- DES OBSERVATEURS ÉTRANGERS
 
         
L'observation des élections par des personnes étrangères au pays concerné, neutres et impartiales, reste de nos jours un paramètre essentiel dans l'acceptation des résultats électoraux par la Communauté internationale.

Pour les prochaines élections, le gouvernement togolais a reconnu ce paramètre, lequel paramètre demeure, du reste, une des conditions pour l'aide financière et technique attendue de l'UE, dans le cadre du processus électoral prévu par l'ACL.

L'aide attendue de celle-ci dépasse le milliard de- francs CFA. Cependant, à ce jour, le gouvernement togolais n'a pas signé le Protocole soumis par l'UE depuis plus de six mois.
 
 
         




IX- DU NOMBRE DES MEMBRES DES COMITES DES LISTES ET CARTES ET DES MEMBRES DES BUREAUX DE VOTE
 
         
La réalisation de la révision des listes électorales sur l'ensemble du territoire, sans problèmes majeurs, spécialement, sans violence caractérisée (1), constitue un désaveu pour tous ceux qui ont affirmé, répété voire écrit que:

- le recrutement de vingt cinq mille personnes, par chacune des deux sensibilités,- l'Opposition et la mouvance présidentielle, paraît aléatoire, voire difficile pour certains partis politiques.
- leur collaboration sera conflictuelle et que celle-ci rendrait impossible le travail.

Les informations recueillies à ce jour, de toutes les préfectures, infirment ces spéculations.
Dans la plupart des cas, le travail s'est déroulé assez correctement.
C'est le lieu de souligner la maturité politique des populations togolaises et de la plupart des militants des partis politiques.

(1) une évaluation de toute l'opération de la révision reste à faire.
Les réductions drastiques de mille cinq cents francs (1.500 francs CFA) par jour, à sept cent cinquante francs (750 francs CFA) n'ont provoqué ni révolte, ni refus du travail.

Il y a encore ici une leçon à retenir pour tous les observateurs impartiaux.
 
 
         




X- DES CRITIQUES CONTENUES DANS LE RAPPORT DES EXPERTS DE L'ONU, SUITE A LA MISSION DU 16 AU 27 AOUT 2001
 
         
Les critiques contenues dans le Rapport de Monsieur Merchoug sont de deux ordres. Les premières concernent la CENI, en tant qu'Institution, ce qui implique le Code Electoral, c'est-à-dire la loi électorale, approuvée consensuellement par la classe politique togolaise, réunie au sein du CPS.

Il s'agit principalement de la composition paritaire de la CENI et de la règle des 4/5 pour le quorum de réunion et de décision.

Il faut souligner ici, que ce n'est pas le rapport Merchoug qui a soulevé ces critiques pour la première fois. Les premières critiques proviennent du RPT. Dès l'adoption de la loi, le RPT a fait de ces critiques un sujet de campagne publique de dénigrement constant des partis de l'Opposition et de leurs leaders.

Ces critiques ont été reprises, pratiquement sans nuances dans le Rapport Merchoug. A leur lecture, nous sommes restés tous ébahis, nous demandant, si Monsieur Merchoug a pris le soin de s'informer à d'autres sources, et si un expert de ce niveau peut se permettre d'ignorer aussi ostensiblement le contexte politique, gui prévaut au Togo, notamment depuis l'élection présidentielle de Juin 1998, et du contentieux qui s'en est suivi!

Dans le même ordre, se situe la critique relative à l'effectif, estimé pléthorique par le Rapport, des membres des comités des listes et cartes, avec ses implications financières. A ces dernières critiques, nous croyons avoir répondu ci-dessus ( 1), en rendant compte de la manière pragmatique avec laquelle la CENI a fait face à la situation.

La deuxième série de critiques met en cause l'expérience électorale des membres de la CENI. A cette deuxième série, nous avons également répondu ci-dessus (2)

Si on sait que par la suite, le Département Politique des Nations unies, qui gère le dossier électoral du Togo, a purement et simplement ignoré ces critiques, et n'a pris en compte que les Recommandations du Rapport Merchoug, on se demande, pourquoi l'Assemblée Nationale Togolaise et le gouvernement invoquent encore à leur rescousse ledit Rapport !

 
 
         




XI- DU RENOUVELLEMENT DE LA CENI
 
         

C'est à la suite d'échanges qu'on peut juger sereins et laborieux entre les membres de la CENI, d'une part, et le Chef du gouvernement, entouré d'au moins quatre ministres, d'autre part qu'il a été arrêté la date du 10 Mars 2002 pour le premier tour du scrutin législatif, et ceci avec l'éventualité d'une légère prorogation, en cas de nécessité absolue.

(1) Voir page N° 10
(2) Voir page N° 7-8

Aucune personne ne peut soutenir aujourd'hui sans se couvrir de ridicule, que l'on ignorait que le Code électoral a prescrit de renouveler les membres de la CENI au dernier trimestre de l'année civile.
La question de renouvellement de la CENI- n'a été soulevée ni à ce moment là ni durant les semaines qui ont suivi.
"
Au contraire il y avait comme une sorte d'entente tacite qui peut se légitimer par le consensus préalablement obtenu au CPS d'abord, le 27 Août 1999 (Cf. Procès-verbal N°9 du CPS) et ensuite le 23 Novembre 2000 (Cf. Procès-verbal N°54 du CPS), au sujet du renouvellement de la CENI.

L'évocation brutale de ce renouvellement le 10 Janvier 2002 ne peut dès lors être interprétée que comme une manœuvre supplémentaire, parmi les nombreuses manœuvres, ayant jalonné le parcours de la CENI, en tant qu'obstacles pour empêcher cette dernière de réussir sa mission, afin d'affirmer à posteriori que l'échec de la CENI était inévitable.

 

 
 
         





XII- DES BLOCAGES A LA CENI
 
         
Si l'on doit parler sérieusement de blocage à la CENI durant les dix huit mois qui viennent de se passer, on ne doit en imputer la responsabilité ni à la règle des 4/5, ni au nombre des membres de la CENI ou de ses démembrements, ni aux qualités intrinsèques de ceux-ci.

En effet, il y a eu au total deux situations apparentes de blocage à la CENI.

La première situation remonte à Décembre 2000, lorsque nos collègues de la mouvance présidentielle ont soutenu que, la fiabilité de la révision des listes électorales, passe nécessairement par un recensement général de la population. Leur position n'a changé que quand les Facilitateurs du Dialogue intertogolais après leur séjour à Lomé en janvier 2001 ont menacé de se retirer du Dialogue, si la date des élections n'était pas proposée rapidement, par la CENI. Suite à cette menace, les autorités togolaises ont expressément demandé, à la CENI d'arrêter les dates desdites élections.

La deuxième situation concerne la commande des cartes d'électeurs. La restitution des événements dans leur contexte exige que l'on précise que la séance plénière du 10 Décembre 2001 au cours de laquelle le sujet a été abordé pour la première fois a été plutôt expéditive. Des informations importantes, notamment le texte de la Convention signée quelques jours plus tôt le 5 Décembre 2001, entre le chef du gouvernement et l'Ambassadeur de France, n'était pas portée à la connaissance de la majorité des membres de la CENI.

Quand par la suite, les précisions ont été fournies, il s'est trouvé, lors de la séance plénière du 15 Décembre 2001, des membres de la mouvance présidentielle pour estimer avec leurs collègues de l'Opposition, que la commande ne pouvait être adressée qu'à l'Imprimerie Nationale de France, par l'intermédiaire de l'Ambassadeur de France " agissant en tant que mandataire de la partie togolaise " (1)

(1) formule textuelle de la Convention du 5 décembre 2001

Pour nous, ce blocage comme le précédent est tout à fait artificiel.
Il relève de calculs politiques. De fait, au moment où cette situation intervenait, le Chef du gouvernement, entre autres:

- avait rejeté les listes des experts proposés, pour assister techniquement la CENI ;

- n'avait toujours pas signé le Protocole d'observation des élections, proposé depuis plusieurs mois par l'UE, signifiant par là son double jeu, sur l'organisation des élections législatives anticipées, recommandée par l'ACL.

Le seul et unique responsable des blocages à la CENI, ce sont les autorités togolaises qui refusent de créer l'environnement propice pour le travail et d'offrir à temps les moyens financiers nécessaires à l'accomplissement de la mission dévolue à la CENI.

Au terme de ce mémoire, les membres de la CENI désignés par l'opposition :

- réfutent avec énergie et indignation les termes d'incompétence et d'inexpérience, employés à l'égard de tous les membres de la CENI ;

- réaffirment leur disponibilité à poursuivre la tâche inachevée des préparatifs en vue des élections législatives anticipées prévues par l'Accord Cadre de Lomé (ACL) ;

- estiment à la lumière des activités réalisées à ce jour et répertoriées ci-dessus, que fondamentalement ni la composition, ni le fonctionnement de la CENI ne sont en cause.

À ce sujet le Rapport de l'ONU le précise avec raison et pertinence " il est évident que n'importe quel calendrier électoral ne peut pas (sic) être crédible sans accompagnement de ressources financières " (page 8)

Fait à Lomé, le 14 Février 2002
 
 
         





ANNEXE 1: LE RAPPORT DE LA MISSION DES NATIONS-UNIES EN QUESTION
 
         
Au nom du Rapport technique des experts de l'ONU sur le processus électoral, le pouvoir-RPT a modifié unilatéralement le Code électoral.

Cependant, ce rapport n'a jamais recommandé la modification du code électoral. Nous publions les recommandations techniques du rapport. Comme de coutume, EYADEMA et ses gens font preuve de duplicité :tout en se fondant sur ce rapport pour changer les règles du jeu, le gouvernement récuse les experts (3) désignés par l'ONU. Nous vous proposons également la lettre de la coordonatrice résident du PNUD( représentant l'ONU au Togo) au Sous Secrétaire général des Nations Unies chargé des affaires politiques.

 
 
         





RECOMMANDATIONS TECHNIQUES DE LA MISSION
 
         
- - La mission des Nations Unies recommande d'un point de vue technique que le calendrier électoral définitif soit crédible du point de vue financier et du point de vue du chronogramme (évitant toute conception bâclée des opérations).

- - La mission recommande aux différents partenaires internationaux du Togo que la demande d'assistance technique sollicitée par la plénière de la CENI à l'équipe onusienne à la fin des travaux d'évaluation de la situation du processus électoral puisse être décidée dans les plus brefs délais, de manière à renforcer les capacités de gestion électorale nationale tout au long du processus.

- La mission recommande, en accord avec la CENI, que cette assistance technique (à distinguer
de l'assistance financière pour l'organisation matérielle des élections) puisse se matérialiser dans la
présence des experts suivants:

. 1 Expert généraliste
. 1 Expert en Gestion Logistique et Administration électorale
. 1 Expert en planification d'opérations électorales.
. 1 Expert en Informatique électorale
. 1 Expert Juriste dans le règlement des contentieux électoraux

La mission recommande finalement que la plus grande collaboration puisse avoir lieu entre les autorités et la CENI pour mener à bien toutes les opérations électorales devant déboucher sur des élections techniquement bien organisées et acceptables par tous les acteurs politiques du pays.
 
 
     

 

Fin de document