L'hôtel 2 février cédé au groupe Corinthia Hotels Internatinal
 

Lomé, 8 mai 2002: Par décret adopté en conseil des ministres, le mercredi 8 mai 2002 l'hôtel 2 février est cédé au groupe hôtellerie Corinthia Hotels International. Cette décision émane de l'accord de financement signé entre le Togo et la société Arabe Libyenne des Investissements Africains (LAAICO).

Erigé en plein centre administratif et financier de Lomé, l'hôtel 2 février, ouvert au public en juin 1980, passe pour l'un des plus modernes de la sous région. Réalisé à un coût onéreux, on parle de près de 35 milliards de FCFA, à partir des retombées du boom du prix du phosphate, des années 1970, la construction de cet hôtel dont la dénomination rappelle le souvenir du "retour triomphal" du Général Eyadéma après l'accident d'avion du 24 janvier 1974 à Sarakawa dans le Nord - Togo.

Par son bel aspect comparable à des hôtels new-yorkais, l'hôtel 2 février avec ses "36" étages, ses 368 chambres dont 52 suites présidentielles et 52 autres ministérielles, est un hôtel de dimension internationale. Il a abrité de nombreux sommets internationaux. Mais il ne réalise pas de chiffre d'affaires pouvant couvrir ses charges d'exploitation. C'est un gouffre financier que les analystes évoquent sous le vocable d'éléphant blanc.
Avec de pareilles limites, les charges ont accru en raison de l'augmentation du coût des produits et de l'entretien. Les frais généraux étant composés essentiellement de consommation électrique. L'hôtel 2 février mérite beaucoup d'entretien et l'électricité seule représente 49,96% du chiffre d'affaires. C'est aussi affirmé que ce complexe hôtelier constitue une structure financière déséquilibrée, car la rentabilité est négative sur le plan financier et économique.

Le commandant Tamélé remplacé par un Italien
La gestion comme la rumeur l'avait annoncé il y a quelques temps, sera confiée aux Libyens. L'actuel Directeur Général, le commandant Barkola Tamélé dont le passage a été marqué par une rigueur militaire, passera le témoin à son successeur, Paul Pisani de nationalité italienne.
Il faut rappeler que quelques mois avant la tenue à Lomé en juillet 2000 du 36e sommet de l'OUA, l'hôtel 2 février avait été fermé au public pour des travaux de réfection. Le personnel qui y travaille avait été mis en congé technique pour trois mois.

Arriérés de salaires, un lourd héritage pour la nouvelle direction

L'hôtel 2 février fait partie des entreprises en observation dans le programme d'allègement du portefeuille de l'Etat. Il l'est au même titre que la société nationale d'investissement (SNI), l'Union Togolaise de Banque (UTB), la Banque Togolaise de Développement (BTD). Cédé à préset au groupe Corinthia Hotels International, les employés de l'hôtel accusent huit mois d'arriérés de salaire, et ne savent rien pour le moment du sort qui leur sera réservé par la nouvelle direction générale.
A maintes reprises, des négociations avaient emmené ces employés à la direction générale. Mais toutes les revendications formulées n'ont pas été prises en considération. Elles ont été plutôt reçues sur fond de menaces.

A côté des impayés, les employés laissés pour compte, craignent une situation comparable à celle qui, dans le temps avaient eu lieu à l'hôtel Sarakawa lorsqu'il a été cédé au Groupe Mercure, de même pour la Brasserie du Bénin dirigée depuis par le Groupe Castel après le départ des Allemands. En attendant la prise de fonction de la nouvelle direction générale, le commandant Barkola Tamélé expédie les affaires courantes. Les employés pour leur part, la faim au ventre, contemplent malgré eux, l'aspect chatoyant des lieux.



 


 
 
 

Ekoué Satchivi
Journal Carrefour, Lomé

 
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
 
réagir à cet article