Lomé, 20 août 2001: De multiples formes de
discrimination sexuelle persistent toujours dans la société
togolaise en dépit de la mobilisation de quelque 59 organisations
et associations de femmes engagées dans des campagnes d'information
et de sensibilisation à travers le pays en vue de promouvoir
et de défendre les droits des femmes.
Les discriminations sexuelles recensées dans presque tous
les secteurs de la vie publique et familiale, se traduisent sur
le plan familial, par les violences faites aux femmes par leurs
partenaires, mari ou concubin.
Ces violences sont pour la plupart physiques, provoquant des coups
et blessures. Elles sont aussi morales, psychologiques et économiques.
Les femmes ont par exemple encore beaucoup de difficultés
en matière successorale. Elles ont du mal à hériter
des biens laissés par leur défunt mari.
Les dispositions légales en la matière ne leur sont
pas favorables. L'article 391 du Code togolais de la personne et
de la famille indique que pour "bénéficier du
patrimoine laissé par le mari défunt, il faut renoncer
de son vivant au statut coutumier en matière successorale".
Mais plusieurs hommes et femmes ignorent encore cette disposition
légale et très souvent, les conseils de famille écartent
les veuves de l'héritage laissé par les époux.
D'autres manifestations de discrimination s'observent entre les
époux au sein des ménages quand les maris ne contribuent
pas aux charges de la famille.
La femme se retrouve seule à faire face à cette situation
qui désorganise ses activités parce que ces femmes
sont à 95% dans le secteur informel.
On assiste dans ces cas, à la disparition du capital ou
des investissements. Les veuves ont souvent des difficultés
pour établir les pièces nécessaires pour bénéficier
des pensions de veuvage. Les familles faisant très souvent
du dilatoire. Par ailleurs, on note la survivance des mariages forcés
et précoces. Dans la région des savanes (extrême
nord) à la frontière du Burkina Faso, des fillettes
de cinq à huit ans sont données en mariage à
des personnes âgées en échange de dons ou divers
présents.
Il arrive aussi qu'on procède à des échanges
de femmes (soeur contre épouse) que l'on peut retirer à
tout moment en cas de besoin ou de discorde. Ces cas de mariage
forcé entraînent parfois des suicides des jeunes filles
contraintes à se marier avec des personnes âgées.
Dans certaines régions, telles que le Fiokpo dans le Kloto
(sud-ouest), "en cas de décès du mari, la veuve
est sommée d'avoir des rapports sexuels avec des hommes d'un
autre clan sous la supervision de certaines personnes, avant d'être
réintégrée dans son ménage, sinon elle
est renvoyée et ne pourra jamais accéder aux biens
laissés par son mari", explique Cyrille Komlan, juriste
et coordinateur de programme de service juridique au Centre de recherche,
d'information et de formation pour la femme (CRIFF) à Lomé.
Les discriminations dans l'accès à l'emploi sont
aussi vivaces. Dans la Fontion publique, la femme n'a pas les mêmes
droits que l'homme. Elle est toujours considérée comme
une personne à charge et ne peut bénéficer
des allocations familiales de ses enfants.
Elle est aussi plus fortement taxée par les services des
impôts, seul l'homme étant considéré
comme chef de famille et devant bénéficier des réductions
d'impôts du fait des charges familiales.
Outre toutes ces formes de discrimination, le gouvernement, à
travers la direction de la Famille, lutte également contre
le trafic des enfants. Une direction du Statut juridique de la femme
a même été créée et mène
des études, des formations et encadre les femmes pour la
connaissance de leurs droits.
Le gouvernement vient de mettre sur pied une commission en vue
de reviser le Code togolais de la personne et de la famille promulgué
en 1980 pour le rendre plus conforme aux préoccupations et
à la situation actuelle des femmes.
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